Rupture d'une Relation Commerciale : Réglementation et Conséquences

Julie D.
Julie D. Juriste
Rédactrice chez Visio Conseils Pro
Mis à jour le 25/09/2024
Rupture d'une Relation Commerciale : Réglementation et Conséquences
Une relation commerciale peut être définie comme une interaction entre deux entités commerciales, telles que des entreprises, des fournisseurs, des distributeurs ou des prestataires de services, dans le cadre de transactions commerciales régulières. Cette relation est caractérisée par des échanges économiques répétés ou continus, souvent basés sur des contrats ou des accords tacites.

Sommaire

Le texte qui régit les relations commerciales peut varier en fonction de la législation nationale et des accords contractuels entre les parties. Dans de nombreux pays, le Code de commerce ou des lois spécifiques régissent les relations commerciales, énonçant les droits et les obligations des parties impliquées. Ces textes législatifs établissent des normes en matière de pratiques commerciales équitables, de protection des consommateurs et de prévention des pratiques commerciales abusives.

La relation commerciale se matérialise souvent par des contrats écrits ou des accords commerciaux formels, détaillant les termes et conditions des transactions commerciales, les obligations de chaque partie, les modalités de paiement, les délais de livraison, etc. Ces contrats peuvent être à durée déterminée ou indéterminée, en fonction de la nature de la relation et des besoins des parties.

Outre les contrats formels, les relations commerciales peuvent également être établies sur la base de pratiques commerciales habituelles, de relations commerciales établies au fil du temps ou de comportements commerciaux répétés entre les parties. Ces relations tacites peuvent également être régies par des lois et des règlements commerciaux applicables.

Lorsqu'il est envisagé de mettre fin à une relation commerciale significative, il est crucial de prévoir un préavis adéquat pour permettre au partenaire de se réorganiser. Rompre une relation commerciale de manière abrupte est non seulement illégal, mais expose également à des sanctions potentielles, y compris des dommages et intérêts.

L'obligation légale de préavis en cas de rupture de relation commerciale

Respecter un préavis est une obligation légale essentielle pour éviter d'être accusé de rupture brutale d'une relation commerciale établie.

  À noter : // L'article L442-1 2° du Code de commerce stipule que : « Toute personne exerçant des activités de production, de distribution ou de services rompt brutalement, même partiellement, une relation commerciale établie, en l'absence d'un préavis écrit qui tienne compte notamment de la durée de la relation commerciale, en référence aux usages du commerce ou aux accords interprofessionnels ».

Deux exceptions principales à cette obligation existent :

1. Préavis de dix-huit mois : La responsabilité de l’auteur de la rupture ne peut être engagée pour insuffisance de durée dès lors qu’il a respecté un préavis de dix-huit mois. Cette durée est considérée comme suffisante pour permettre au partenaire de trouver des alternatives viables et de se réorganiser.

2. Inexécution des obligations ou force majeure : Il est possible de rompre sans préavis en cas d'inexécution des obligations par l'autre partie ou en cas de force majeure. L'inexécution des obligations pourrait inclure des manquements graves tels que des violations contractuelles répétées, tandis que la force majeure couvre des situations imprévues et inévitables, comme des catastrophes naturelles ou des crises majeures affectant les opérations commerciales.

Il est à noter que la loi interdit toute entente préalable visant à exclure l'exigence d'un préavis en cas de rupture de la relation. Cette disposition vise à prévenir les ruptures abusives et à assurer une transition ordonnée et équitable. En d'autres termes, même si les parties conviennent initialement d'exclure un préavis, cette clause serait considérée comme nulle et non avenue.
 

Comment évaluer la durée adéquate du préavis ?

L'évaluation de la durée du préavis repose sur plusieurs critères, et il n'existe pas de barème fixe prévu par la loi. La jurisprudence offre toutefois des indications pour déterminer une durée raisonnable de préavis. En règle générale, un mois de préavis par année de relation est souvent retenu comme une norme implicite. Cependant, plusieurs autres facteurs doivent être pris en compte.

Parmi ces facteurs figurent :

- Évolution du chiffre d’affaires : Si le partenaire a réalisé une part importante de son chiffre d’affaires grâce à cette relation, cela peut influencer la durée du préavis. Plus le chiffre d'affaires dépend de la relation, plus le préavis doit être long pour permettre une transition en douceur.


- Importance relative du chiffre d’affaires : L'importance de ce chiffre d'affaires dans le revenu global du partenaire est également déterminante. Si la relation commerciale représente une part significative du chiffre d’affaires total de l'entreprise, un préavis plus long peut être justifié.


- Secteur d'activité : Le secteur concerné joue également un rôle crucial. Certains secteurs peuvent nécessiter des préavis plus longs en raison de la nature des investissements et des cycles commerciaux, comme le secteur industriel où les investissements sont souvent lourds et à long terme.


- Investissements spécifiques : Les investissements spécifiques réalisés par le partenaire pour la relation commerciale, comme l'achat d'équipements spécialisés ou la formation de personnel, doivent être pris en compte. Plus les investissements sont importants, plus le préavis doit être long pour amortir ces investissements.

La dépendance économique, bien que pertinente, n'entraîne pas automatiquement un allongement du préavis. Il appartient à la partie lésée de prouver que la rupture représente une part significative de son chiffre d’affaires. De plus, cette dépendance ne doit pas résulter d'un choix stratégique de la victime. Ces facteurs sont évalués au moment de la notification de la rupture.

Informer son partenaire de l’intention de mettre fin à la relation sans indiquer une date précise ne suffit pas pour faire courir le délai de préavis. Le préavis doit être formellement notifié par écrit et préciser la date exacte de la fin de la relation.

La jurisprudence est claire sur ce point : le préavis commence à courir à partir de la date de notification de la décision non équivoque de mettre fin à la relation. Si la notification est absente, le caractère prévisible de la rupture est sans importance. Par exemple en l’espèce, dans le cadre d'un appel d'offres, la simple notification de mise en concurrence ne marque pas le début du préavis.


La Cour de cassation a confirmé que la notification de l'intention de rompre doit être régulière et indiquer la date de la rupture pour que le préavis soit valide. Une notification imprécise ou ambiguë ne sera pas suffisante pour se conformer aux exigences légales.
 

Quelles sanctions en cas de non-respect du préavis ?

En cas de litige, chaque affaire est examinée de manière détaillée par les juges pour déterminer une durée de préavis raisonnable. La Cour de cassation a rappelé que les juges évaluent la durée de manière souveraine, et qu'ils ne sont pas tenus de justifier leur décision quant à la durée retenue, tant qu'elle respecte les critères légaux et jurisprudentiels.


Si un contrat entre les parties prévoit une durée de préavis, les juges vérifient que cette durée prend en compte la durée de la relation commerciale et les autres circonstances pertinentes. Les juges peuvent ajuster la durée du préavis prévu dans le contrat pour s'assurer qu'il est approprié, mais ne peuvent pas le réduire en deçà de ce qui est stipulé contractuellement.


La rupture brutale d'une relation commerciale établie engage la responsabilité de son auteur et l'oblige à réparer le préjudice causé. En pratique, cela signifie que la partie lésée peut demander des dommages et intérêts devant les tribunaux pour compenser les pertes subies en raison de la rupture brutale de la relation commerciale.


Les dommages et intérêts peuvent être calculés en fonction du préjudice effectivement subi par la partie lésée, y compris la perte de chiffre d'affaires, les coûts supplémentaires encourus et tout autre dommage financier résultant de la rupture brutale. En outre, les tribunaux peuvent également accorder des dommages-intérêts punitifs ou dissuasifs pour décourager de telles pratiques à l'avenir.

Les meilleures pratiques pour gérer une rupture de relation commerciale

La rupture d'une relation commerciale établie nécessite une attention particulière pour éviter des conséquences juridiques importantes. Il est essentiel de :

  • Respecter un préavis écrit, en tenant compte de la durée de la relation et des usages du secteur ;
  •  Évaluer la durée du préavis en fonction des critères spécifiques, tels que l'ancienneté de la relation et l'importance du partenariat 
  •  Notifier clairement la date de fin de la relation commerciale ;
  • Maintenir une communication respectueuse tout au long du processus de rupture.

Un préavis bien évalué et correctement notifié permet de respecter la loi tout en préservant des relations professionnelles harmonieuses, même en cas de séparation. Cela permet également de minimiser les risques juridiques associés à la rupture d'une relation commerciale établie.  

 

Il est donc important de se faire accompagner par un avocat spécialisé en droit des affaires en cas d'une rupture lors d'une relation commerciale.

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