1. Qu’est-ce que le chômage de longue durée ?
Définition officielle
Selon l’INSEE et France Travail, une personne est considérée comme en situation de chômage de longue durée lorsqu’elle est sans emploi et recherche activement du travail depuis au moins 12 mois. Une période d’inactivité excédant deux ans est qualifiée de très longue durée.
Chiffres clés en 2024
Selon le journal La Tribune, en 2024, le taux de chômage global en France reste stable à environ 7,5%, avec des disparités notables selon les groupes d'âge et les régions. Le chômage de longue durée, qui désigne les personnes sans emploi depuis plus de 12 mois, concerne environ 564 000 personnes, soit 1,8% de la population active. C'est le taux le plus bas depuis 2009. Les seniors (50 ans et plus) figurent parmi les plus touchés, souvent à cause de stéréotypes professionnels. Les jeunes peu ou pas diplômés et les personnes en situation de handicap représentent également une part importante de cette catégorie. Des tensions sur le marché du travail persistent, notamment dans des secteurs comme la santé et le bâtiment, où des postes restent vacants.
2. Les causes du chômage de longue durée
Le chômage de longue durée est un phénomène multifactoriel, influencé à la fois par des causes individuelles et structurelles.
Causes structurelles
- Transformations économiques :
- Les secteurs traditionnels, comme l’industrie, ont subi des délocalisations ou des automatisations, entraînant une diminution des emplois accessibles aux travailleurs peu qualifiés.
- L’essor des nouvelles technologies favorise les compétences spécifiques, laissant de côté les personnes non formées.
- Rigidité du marché du travail :
- Le système d’embauche en France est souvent critiqué pour sa complexité, notamment en raison du coût des CDI et de la difficulté pour les entreprises de licencier en cas de difficulté économique. Cela pousse certaines entreprises à privilégier les contrats précaires ou à limiter les embauches.
- Inadéquation formation-emploi :
- L’absence de correspondance entre les formations initiales et les besoins du marché est un problème récurrent.
- Certaines zones géographiques souffrent d’un manque d’opportunités locales, ce qui limite la mobilité des chômeurs.
Causes individuelles
- Discrimination à l’embauche :
- L’âge, l’origine, le handicap ou encore le genre peuvent constituer des freins à l’embauche.
- Perte de motivation et déqualification :
- Avec le temps, le chômage de longue durée peut entraîner une perte de compétences, réduisant les chances de retrouver un emploi.
- Facteurs personnels :
- Les difficultés financières, familiales ou de santé, souvent accentuées par le chômage, compliquent la recherche active d’un emploi.
3. Les conséquences du chômage de longue durée
Le chômage de longue durée engendre des conséquences multiples, touchant aussi bien les individus que la société.
Conséquences individuelles
- Précarité financière :
Les chômeurs de longue durée sont confrontés à une diminution de leurs ressources. Les allocations chômage, bien que nécessaires, ne compensent pas entièrement la perte de revenus.
- Isolement social :
La perte d’un emploi peut entraîner une diminution des interactions sociales et un sentiment d’exclusion.
- Impact psychologique :
Le chômage prolongé est souvent lié à une baisse de l’estime de soi, à l’anxiété, voire à la dépression.
- Dégradation des compétences :
L’absence d’activité professionnelle réduit l’actualisation des compétences, compliquant encore davantage le retour à l’emploi.
Conséquences sociales et économiques
- Coût pour la collectivité :
Le chômage de longue durée mobilise d’importantes ressources publiques, notamment pour les allocations et les dispositifs d’accompagnement.
- Inégalités croissantes :
Les personnes en situation de chômage prolongé sont souvent victimes d’un cercle vicieux de pauvreté.
- Perte de compétitivité nationale :
Une partie de la main-d’œuvre reste sous-utilisée, freinant le développement économique global.
4. Dispositifs et politiques publiques pour lutter contre le chômage de longue durée
Le droit à l’allocation chômage
Le système d’assurance chômage en France est régi par le Code du travail et les règles de l’Unédic. Les chômeurs de longue durée peuvent bénéficier d’un accompagnement financier sous certaines conditions.
Ce droit est conditionné à une recherche active d’emploi et à la signature d’un projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE).
Politiques d’insertion
- Le dispositif "Territoires zéro chômeur de longue durée" (TZCLD) :
Ce programme expérimental, lancé par la loi n° 2016-231 du 29 février 2016, abrogé en 2020, vise à créer des emplois en réaffectant les coûts liés au chômage (allocations, aides sociales) vers des projets locaux. Ces emplois répondent à des besoins non satisfaits dans les territoires concernés.
- Transformation de Pôle emploi en France Travail
Depuis janvier 2024, France Travail coordonne l’ensemble des acteurs de l’emploi, incluant les missions locales et Cap emploi. Ce nouveau réseau vise à mieux accompagner les chômeurs de longue durée grâce à un diagnostic approfondi et un contrat d’engagement personnalisé. Les dispositifs incluent :
- Des aides à la formation professionnelle.
- Un soutien renforcé pour les allocataires du RSA et les jeunes sans emploi.
- Les chômeurs de longue durée peuvent prétendre à l’allocation chômage, à condition de remplir les critères définis par l'Unédic. Des formations qualifiantes sont proposées via le Compte personnel de formation (CPF), souvent financées par les régions ou l’État.
Incitations pour les entreprises
- Exonérations fiscales et aides à l’embauche :
Les employeurs embauchant des chômeurs de longue durée peuvent bénéficier d’aides financières, notamment via les contrats aidés.
- Promotion de l’alternance :
Les contrats d’apprentissage et de professionnalisation favorisent le retour à l’emploi des personnes éloignées du marché.
5. Quelles solutions pour réduire le chômage de longue durée ?
1. Investir dans la formation continue
La formation professionnelle est une solution clé pour permettre aux chômeurs de longue durée de s’adapter aux mutations du marché.
- Promouvoir les métiers en tension.
- Développer les compétences numériques, de plus en plus recherchées.
2. Mobilité géographique
Encourager la mobilité des travailleurs vers des zones où les opportunités sont plus nombreuses, par exemple via des aides au déménagement.
3. Lutter contre les discriminations
Lutter contre les biais à l’embauche, notamment en renforçant les sanctions en cas de pratiques discriminatoires.
4. Soutien psychologique et accompagnement
Proposer des services d’accompagnement psychologique pour aider les demandeurs d’emploi à surmonter les effets négatifs du chômage prolongé.