Droit d'asile en France : Guide complet sur les démarches et procédures

Julie D.
Julie D. Juriste
Rédactrice chez Visio Conseils Pro
Mis à jour le 31/10/2024
Droit d'asile en France : Guide complet sur les démarches et procédures
Le droit d'asile est un droit fondamental reconnu par de nombreux pays, dont la France, pour protéger les individus persécutés dans leur pays d'origine. Ce droit trouve son origine dans la Convention de Genève de 1951, signée par la majorité des États membres des Nations Unies, dont la France. Elle permet aux personnes craignant pour leur vie ou leur sécurité de demander une protection internationale. En France, ce droit est renforcé par la constitution, le Code de l'entrée et du séjour des étrangers et du droit d'asile (CESEDA), qui régit les règles applicables aux demandeurs d'asile. Faisons un tour d’horizon complet sur la procédure de demande d’asile en France, les institutions impliquées, les droits des réfugiés, ainsi que les voies de recours en cas de rejet de la demande.

Sommaire

Qu'est-ce que le droit d'asile en France ?

Définition du droit d'asile

Le droit d'asile est un mécanisme juridique qui permet à une personne étrangère de demander une protection à un État, si elle est persécutée ou menacée dans son pays d'origine. Selon la législation française, ce droit s'applique à toute personne pouvant prouver qu'elle est en danger ou risque de l'être en raison de sa race, religion, nationalité, appartenance à un groupe social ou opinions politiques.

Qui peut demander l'asile en France ?

Les personnes qui sollicitent cette protection en France sont appelées des demandeurs d'asile. Elles peuvent obtenir soit le statut de réfugié au sens de la Convention de Genève, soit la protection subsidiaire, qui s’applique aux personnes ne remplissant pas les critères du statut de réfugié mais étant en danger dans leur pays (peine de mort, torture, ou traitement inhumain).

En termes juridiques, il est important de comprendre la différence entre un demandeur d'asile (personne en attente de la reconnaissance de son statut) et un réfugié (personne ayant obtenu le statut de réfugié après examen de sa demande).

Les bases légales du droit d'asile en France sont fixées par le CESEDA, mais elles trouvent également leur fondement dans des conventions internationales, telles que la Convention de Genève de 1951, le Protocole de 1967 relatif au statut des réfugiés…etc

Les acteurs clés de la procédure de demande d'asile en France

Pour comprendre la procédure de demande d'asile en France, il faut connaître les principaux acteurs impliqués :

  • La préfecture : première étape pour les demandeurs d'asile

La préfecture est l'autorité compétente en France pour accorder aux demandeurs d'asile une autorisation temporaire de séjour durant l'examen de leur dossier par l'OFPRA. Après vérification des informations fournies, elle délivre un récépissé qui permet au demandeur de résider légalement en France pour une période initiale de 6 mois, renouvelable jusqu'à la décision finale. Ce document est essentiel, car il donne aux demandeurs un statut légal leur permettant d'accéder à certains droits, tels que l’hébergement en centre pour demandeurs d’asile et l’allocation pour demandeur d’asile (ADA).

  • Rôle de l'OFPRA dans l'examen des demandes d'asile

L’OFPRA est l'organisme public chargé d’examiner les demandes d’asile et d’apatridie. Il relève de l'autorité du ministère de l’Intérieur, mais jouit d'une indépendance fonctionnelle pour garantir l'objectivité de ses décisions. L’OFPRA a pour mission d’évaluer les demandes en s’appuyant sur les déclarations des demandeurs et les informations disponibles sur la situation dans les pays d’origine. C’est auprès de lui que le demandeur d’asile présente son dossier et passe un entretien pour expliquer sa situation. L’OFPRA décide ensuite d'accorder ou non le statut de réfugié ou la protection subsidiaire.

  • Le recours à la CNDA en cas de rejet de l'OFPRA

En cas de rejet de la demande d’asile par l’OFPRA, le demandeur peut faire appel de cette décision auprès de la CNDA. Il s’agit d’une juridiction administrative spécialisée dans le droit d’asile. La CNDA réexamine la demande en tenant compte des nouveaux éléments fournis par le demandeur. Si elle juge la demande fondée, elle peut annuler la décision de l’OFPRA et accorder le statut de réfugié ou la protection subsidiaire.

  • L'implication de l'OFII dans l'accueil et l'intégration des demandeurs

L'OFII intervient dans les processus d'immigration, d'accueil et d'intégration des étrangers en France. Il est responsable de la gestion des procédures de visa, du regroupement familial, ainsi que des actions liées à l'intégration des étrangers (formations linguistiques, insertion professionnelle, etc.). L'OFII prend également en charge le retour volontaire des migrants souhaitant repartir dans leur pays d'origine, ainsi que certaines démarches pour les étrangers en situation régulière.

  • Associations d'aide aux demandeurs d'asile : un soutien crucial

De nombreuses associations jouent un rôle fondamental dans l'accompagnement des demandeurs d'asile. Parmi les plus connues figurent France Terre d'Asile, la Cimade. Ces structures aident les demandeurs dans les démarches administratives, leur fournissent une aide juridique, un soutien matériel pendant le processus et facilitent l'accès à l'hébergement.

Les étapes clés de la procédure de demande d'asile

Étape 1 : Enregistrement de la demande d'asile en préfecture

La première étape du processus d'asile en France consiste à enregistrer la demande. Ce processus se fait auprès d'une préfecture ou dans certains cas auprès du GUDA (Guichet unique des demandeurs d’asile). Lors de l’enregistrement, le demandeur reçoit une attestation de demande d’asile(ADA), qui lui permet de séjourner légalement en France le temps que sa demande soit examinée.

L’attestation de demande d’asile, délivrer par le préfet, est valable 1 mois, renouvelable jusqu’à ce qu’une décision soit prise. À ce stade, le demandeur peut être orienté vers un centre d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) pour un hébergement temporaire et peut bénéficier de l'allocation pour demandeur d’asile (ADA), une aide financière accordée pendant la procédure.

Étape 2 : L'examen de la demande par l’OFPRA

Après l'enregistrement de la demande, le dossier est transmis à l’OFPRA, qui convoque le demandeur pour un entretien. Cet entretien est une étape cruciale du processus, car c’est à ce moment que le demandeur doit présenter tous les éléments prouvant qu’il remplit les critères pour obtenir l’asile et il permet à l'OFPRA d’évaluer la véracité des allégations du demandeur.

Pendant l'entretien, le demandeur doit détailler les persécutions subies ou les risques encourus dans son pays d’origine. Il est essentiel que le demandeur fournisse un récit cohérent et crédible, appuyé par des preuves (documents, témoignages, rapports médicaux, etc.) et se faire aider par un avocat ou une association.
L’OFPRA se base sur les informations fournies lors de l’entretien ainsi que sur la situation politique et sécuritaire du pays d'origine pour rendre sa décision. 

Pendant cette période, le demandeur conserve le droit de rester en France, de bénéficier d'une aide sociale (hébergement, aide médicale), et d'être accompagné par des associations spécialisées.

Étape 3 : La décision finale de l’OFPRA

Après avoir examiné la demande, l’OFPRA peut rendre l’une des décisions suivantes :

  • Octroi du statut de réfugié : Si l’OFPRA reconnaît que le demandeur est persécuté selon les critères de la Convention de Genève, il lui accorde le statut de réfugié. Le demandeur reçoit alors un titre de séjour de 10 ans et bénéficie de tous les droits attachés à ce statut (droit au travail, protection sociale, etc.).
  • Octroi de la protection subsidiaire : Si le demandeur ne remplit pas les conditions pour obtenir le statut de réfugié, mais qu’il risque un danger grave en cas de retour dans son pays (peine de mort, torture, menace pour sa vie), l’OFPRA peut lui accorder la protection subsidiaire. Ce statut donne droit à une carte de séjour d'un an renouvelable.
  • Rejet de la demande : Si l’OFPRA estime que le demandeur ne remplit pas les conditions pour obtenir l’asile, il rejette la demande. Le demandeur dispose alors de plusieurs recours, dont la Cour Nationale du Droit d’Asile.

Quels sont les droits des réfugiés en France ?

Une fois le statut de réfugié accordé, plusieurs droits sont conférés dont :

  • Accès au titre de séjour et carte de résidentLes réfugiés se voient délivrer une carte de résident d'une durée de 10 ans. Cette carte leur permet de résider légalement en France et leur donne accès à plusieurs droits, tels que la possibilité de travailler sans restriction.
  • Accès au marché du travail : Les réfugiés ont le droit de travailler en France et de bénéficier des mêmes protections que les travailleurs français. Ils peuvent également accéder à des formations professionnelles, notamment par l’intermédiaire de dispositifs publics comme France Travail.
  • Accès à la protection sociale : Les réfugiés ont le droit de bénéficier de la couverture maladie universelle (CMU), qui leur permet d'accéder aux soins de santé de manière gratuite ou à coût réduit. Ils peuvent également prétendre aux prestations sociales, telles que les allocations familiales, l’aide au logement et d'autres aides financières.
  • Droits des réfugiés au travail et à l'éducation : Les enfants des réfugiés ont le droit d'accéder à l’éducation en France, tout comme les enfants français. Les adultes peuvent également accéder à des cours de français et à des formations professionnelles pour faciliter leur intégration.
  • Le regroupement familial : Les réfugiés ont le droit de demander le regroupement familial, c'est-à-dire de faire venir leur conjoint et leurs enfants mineurs en France. Cette procédure est simplifiée pour les réfugiés et ne requiert pas de démontrer une capacité financière ou de disposer d'un logement suffisant.

Que faire en cas de rejet de la demande d’asile ?

Faire appel devant la CNDA : procédure et délais

Si la demande d’asile est rejetée par l’OFPRA, le demandeur dispose d’un mois pour faire un recours devant la Cour Nationale du Droit d'Asile (CNDA). Le recours à la CNDA est une procédure complexe, où l’accompagnement d’un avocat spécialisé est souvent indispensable.

Recours devant le Conseil d'État : cas rares et spécifiques

Le recours doit être déposé dans les délais, accompagné de tous les documents prouvant la persécution ou les menaces subies. La CNDA examine à nouveau la demande, convoque le demandeur pour une audience, et rend une décision définitive. En cas de rejet par la CNDA, il est possible de faire un pourvoi devant le Conseil d’État, mais cette procédure est extrêmement rare et limitée à des points de droit.

La réinsertion des réfugiés en France : un accompagnement complet

La France met en place des programmes d’accompagnement pour aider les réfugiés à s’insérer dans la société. Les réfugiés ont souvent accès à des cours de français gratuits, essentiels pour leur insertion professionnelle et sociale ou des dispositifs de formation leurs sont proposés afin de les aider à trouver un emploi correspondant à leurs compétences. Ils peuvent bénéficier de logements sociaux ou d’une aide au logement en fonction de leur situation économique et aussi compte tenu des traumatismes subis, de nombreux réfugiés bénéficient d'un soutien psychologique gratuit.

Cas particuliers dans le droit d’asile

  • Protection des mineurs isolés en France : Les enfants mineurs non accompagnés bénéficient d’une protection renforcée. Leur situation est gérée par l’Aide sociale à l’enfance (ASE), qui veille à leur prise en charge et à leur scolarisation.
  • LPerte du statut de réfugié : causes et conséquences : Dans certaines circonstances, un réfugié peut perdre son statut, notamment s’il est prouvé qu’il a commis un crime grave ou si la situation dans son pays d’origine a suffisamment évolué pour qu’il puisse y retourner en toute sécurité.

Ainsi, le droit d’asile en France offre une véritable opportunité de se reconstruire dans un environnement sûr, mais il nécessite une préparation sérieuse et une bonne compréhension des enjeux juridiques.

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